C’était une belle journée et Moncef voulait aller visiter son troisième fils, le seul qui avait véritablement au moins un peu d’avenir. Sa Mercedes étant en réparation et sa BMW venant d’être nettoyée (il n’allait pas salir son sixième véhicule préféré simplement pour aller visiter l’un de ses fils, après tout), Moncef décida de prendre l’autobus.
Après avoir attendu plus de deux minutes, Moncef pénétra enfin dans le véhicule.
« Monsieur », interpella le chauffeur. « Il faut payer le tarif pour prendre l’autobus.
- Je comprends pas pourquoi il faut payer, là! Je paie déjà de l’essence quand je prends mon automobile. Cela devrait à couvrir au moins cent fois les frais du transport en commun.
- Monsieur, le transport en commun n’est pas gratuit. Il faut bien payer mon salaire, l’entretien et ainsi de suite.
- Mais ce sont ceux qui ont des passes mensuelles d’autobus qui paient pour ça. Moi, je n’en ai pas car je ne prends jamais l’autobus habituellement. Et je dois dire que votre attitude impolie ne me donne pas tellement le goût de réutiliser votre service, encore moins de prendre une passe mensuelle.
- Tout le monde qui prend l’autobus doit payer, monsieur.
- Mais toi, techniquement, tu prends l’autobus?
- Oui.
- Et tu n’as pas payé?
- Non.
- Donc, il est possible de prendre l’autobus sans payer. Merci et bonne journée.»
Moncef s’avança pour aller s’asseoir, mais le jeune chauffeur l’interrompit à nouveau.
« Monsieur, il faut une formation pour devenir chauffeur d’autobus.
- Non sens! Lorsque j’étais chauffeur d’autobus pour l’armée pendant la guerre d’Algérie, je n’avais pas besoin de formation. J’ai reconduit des hommes alors que j’esquivais des tirs de missiles du Hamas et même eux n’avaient pas eu besoin de payer. Quoi que certains l’ont éventuellement payé de leurs vies, c’est vrai.
- Monsieur, je ne peux pas vous laisser conduire pour la sécurité des autres passagers.
- D’accord. Donc je te propose de m’aider à m’aider. Voici donc deux options : un, on vide l’autobus et c’est moi qui devient le chauffeur temporairement jusqu’à ma destination. Deux, tu deviens mon chauffeur privé pendant un an.
- Monsieur, c’est bon, allez vous asseoir.
- Vous êtes chanceux que je ne vous fasse pas payer le temps pour lequel j’ai attendu », déclara Moncef, satisfait. « Mais je me sens de bonne humeur. Je vais voir mes trois fils qui dorment dans le même lit. Avec leurs trois copines. Je ne suis pas certaine laquelle va avec lequel, au fond, et je crois qu’ils se les échangent de temps en temps. Elles devraient peut-être prendre l’autobus!» ricana-t-il.
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